Dans la réponse apportée à la préoccupation de la représentation nationale au sujet de la question orale avec débat sur le projet Education 4, le gouvernement a eu un langage de vérité. « Mauvaise ambiance de travail caractérisée par des intrigues au sein du personnel, la guerre de leadership au sein du personnel, l’absence d’anticipation au niveau de la direction du projet, l’incompétence de certains cadres du projet, la lenteur administrative tant au niveau du projet qu’au niveau des bailleurs ». Voilà les raisons qui ont conduit à la clôture du projet Education 4 depuis le 31 décembre 2009. C’est du moins ce que révèlent les différentes instances du suivi du projet. Et c’est le ministre Allassane Soumanou Djimba de l’Enseignement secondaire de la formation technique et professionnelle, de la reconversion et de l’insertion des jeunes qui l’a signifié aux députés au cours de la plénière du jeudi 12 janvier dernier. Il apportait ainsi la réponse du gouvernement à la question du député Gabriel Tchokodo et de 12 de ses collègues.
En effet, il s’agit du projet Education 4 qui a fait l’accord de prêt le 23 décembre 2002 et est entré en vigueur le 18 octobre 2005. C’est un projet de 15, 224 milliards de francs cfa dont 69,4 % du financement mixte du fond Africain de développement (FAD), de 20, 6% du fonds de l’organisation des pays producteurs du pétrole et du 10% du budget national. Le projet comporte 4 composantes. Elles ont nom renforcement de l’enseignement de base, renforcement de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, renforcement des capacités institutionnelles du secteur de l’éducation et gestion du projet. Mais force a été de constater que 6 ans après le lancement de ce projet, les choses étaient toujours à la phase de départ mais curieusement les différents cadres béninois affectés à ce projet Education 4 percevaient leurs salaires et indemnités.
Le suivi du projet a révélé des anomalies telles que salaires et indemnités perçues à une forte proportion alors que rien ne bouge. Même le processus de renouvellement des cadres engagé par le ministère en charge a eu du plomb dans l’aile. Il en a résulté de très faibles performances ; moins de 9% du taux d’exécution financière. A tout ceci s’ajoute le délai initial d’exécution du projet largement dépassé. Et c’est ce qui conduit à la clôture du projet le 31 décembre 2009 alors qu’aucune infrastructure prévue n’a été réalisée.
Lenteur dans le Rattrapage
Après la clôture du projet, le gouvernement béninois a pu obtenir de la part des bailleurs la rétrocession du reliquat à notre pays sous forme d’appui budgétaire pour la construction des infrastructures initialement prévues dans le projet. Il s’agit de la construction et de l’extension de 6 Ceg de zone : les Ceg 1 de Savalou, Ceg 2 de Djougou, Ceg 1 de Comè, Ceg 1 de Tchaourou, Ceg 1 D’Abomey-Calavi et le Ceg d’Adjohoun, la construction et l’équipement du lycée technique professionnel et industriel et tertiaire de Lokossa la construction et l’équipement des collèges techniques agricoles de Savalou et de Djougou.
Mais il faut aussi constater que depuis 2009 jusqu’à ce jour, rien n’a été fait de ce côté. Voilà l’autre raison qui en rajoute à la colère de l’auteur principale de la question, de ses cosignataires et des autres députés présents à la plénière même si le gouvernement a informé la représentation nationale des démarches en cours pour le rattrapage.
L’indignation de Gabriel Tchokodo
« Monsieur le président, chers collègues, l’évocation du seul nom du projet Education 4 suffit pour susciter interrogations, colère, amertume et indignation. Parce que le projet Education 4 s’entend, de notre point de vue, comme une obstruction à la construction et à l’équipement de trois établissements d’enseignement technique prévus à Djougou, à Savalou et à Lokossa ainsi que la construction et l’aménagement de six Ceg de zone à Adjohoun, Abomey-Calavi, Comè Savalou, Djougou et Tchaourou, Chaque établissement bénéficiant de : 16 salles en construction neuve ; 16 salles en réhabilitation ; 02 laboratoires scientifiques ; 02 salles informatiques ; 01 bloc administratif et une bibliothèque tous équipés.
La cellule d’exécution du projet s’est efforcée de priver les populations béninoises de tout ce qui précède. Le projet Education 4, c’est également la volonté manifeste de certains béninois, fiers de faire perdre à nos communes, la construction et l’équipement de 150 salles de classe du primaire et la formation d’un effectif non négligeable du personnel enseignant…etc. voilà pour l’essentiel les composantes de ce projet qui a été contraint à la fermeture le 31 décembre 2009, soit un an après le délai prévisionnel de sa clôture fixée au 31 Décembre 2008. Il apparait ainsi clairement que des Béninois commis à la tâche, n’ont pas hésité à briser les légitimes attentes, saccager l’espoir de tout un peuple de sorte qu’au jour d’aujourd’hui, aucune composante du projet n’a pu être réalisé. Après plusieurs tentatives infructueuses de redressement des anomalies qui ont caractérisé la gestion du projet, le bailleur de fonds notamment la Banque africaine de Développement (Bad) a identifié les causes majeures du dysfonctionnement de la cellule d’exécution dans, je cite : « la dilution des responsabilités liées à la pléthore du personnel à certains postes de travail et l’absence de leadership, d’une bonne planification et programmation des activités, et d’un ses d’anticipation des problèmes de la part de la direction du projet » fin de citation.
Pire, la thérapie recommandée par la Bad pour venir à bout de cette calamité a été simplement rangée au placard et le projet a été fermé.
Monsieur le président,
Chers collègues,
Nous nous sentons interpellés en tant que représentants du peuple. Voilà pourquoi, nous n’allons pas nous taire face à six années de salaires et indemnités indûment perçus par des personnes qui se sont montrées défaillantes dans l’accomplissement de leur mission, des personnes qui continuent malgré tout de bénéficier de la complicité de l’administration publique pour se faire payer de prétendus droits ; des personnes disons nous, qui s’opposent à l’émancipation et à la prospérité de nos populations. Trop c’est trop maintenant Monsieur le président et chers collègues. La Bad ayant accepté de rétrocéder au Bénin, dans le courant 1er trimestre 2011, sous forme d’appui budgétaire complémentaire, les ressources non consommées, c’est à bon droit que nous nous intéressons à l’exécution des composantes du projet surtout que le gouvernement nous en a donné la garantie. C’est pour cela que l’état de veille doit être permanent.
En vérité, nous n’avons pas l’impression que ce dossier soit traité avec célérité.
Monsieur le président et chers collègues,
Les derniers reportages sur les chaînes de dans les écoles ont révélé : le manque cruel de salles de classe ; l’existence de classes multigrades dans les zones enclavées ; des effectifs pléthoriques dans les salles de classes du fait de l’insuffisance d’infrastructure ou de la pénurie d’enseignants face à une démographie scolaire galopante; l’insuffisance et/ou l’inexistence de matériels didactiques pour conduire à bien les activités pédagogiques. Tous ces facteurs qui entre autres sont la base de la désaffection visibles des sciences fondamentales du système éducatif béninois doivent nous pousser davantage à la vigilance et nous convaincre que l’urgence est à la construction et l’équipement des salles de classe.
Dans cet état de chose, Monsieur le président et chers collègues, est-il possible que nous abdiquons face à notre mission constitutionnelle de contrôle et de suivi de l’action gouvernementale ? la réponse coule d’elle-même.
Ainsi, chacun saura prendre la mesure de la présente démarche et pourra l’apprécier à sa juste valeur. Nous osons espérer, qu’après ce cri de détresse, des dispositions seront prises afin que les populations béninoises puissent bénéficier enfin des infrastructures et des équipements, objet du prêt de Fad N°21001150007003 mis en vigueur le 03 octobre 2005. Ce serait justice ».
Après cette intervention musclée de l’honorable Tchokodo, ses collègues lui emboitent le pas et demandent au gouvernement de sanctionner les cadres qui ont eu à piloter ce projet Education 4. De l’honorable Yacoubou Malehossou à Nicaise Fagnon en passant par Essou Pascal et Houngnibo, c’est la même teneur dans les propos. Ils pensent qu’on doit permettre à la représentation nationale de connaître ces cadres car chez nous au Bénin, c’est très fréquent de voir la promotion des cadres alors qu’ils sont des spécialistes de mauvaise gestion et en ont donné des preuves à des postes de responsabilités donnés.
Geoffroy Wusa / L'Informateur