Au lendemain du retrait d’agrément de la Fédération béninoise de football (Fbf) par le gouvernement béninois, votre Quotidien « Matin Libre » a recueilli les impressions de certains reporters et journalistes sportif du Bénin.
André Tokpon, Rédacteur en chef Quotidien Djakpata
«C'est une décision salvatrice pour le football béninois. Nous avions réclamé la restructuration du football en vain mais là, c'est une opportunité que le gouvernement offre aux acteurs pour mieux penser le sport roi dans notre pays. Seulement, il va falloir que le ministre ne perde pas le temps et qu'il ne cède pas aux pressions de certaines personnes qui ne veulent en rien un changement dans le football béninois. Il doit prendre les dispositions pour que ce retrait d'agrément ne soit pas une opportunité de règlement de compte mais une opportunité à saisir pour mieux repartir et donner la chance aux vrais acteurs de ce sport»
Gilles Biguezoton, journaliste sportif, Radio Univers
«Personnellement, c’est une nouvelle qui me réconforte et à laquelle je m’attendais depuis bien des mois.Comme vous le savez, depuis décembre 2010, le Bénin connait de mauvais moments avec son football et n’est pas encore sorti de l’auberge, et les vautours qui ont pris en mains la gestion du football n’ont pas songé trouver de solutions adéquates. Ils sont plus préoccupés par comment diviser symétriquement l’argent de la Fifa.L’heure a enfin sonné pour qu’ils soient renvoyés de la Fbf pour incapacité. Il faut ici dire que la Fédération est dissoute pour permettre à la grande masse de comprendre.Ainsi, le Bénin n’existe plus jusqu’à nouvel ordre sur la carte footballistique mondiale. Mais, ce n’est pas encore le bout du tunnel car si le peuple pense qu’avec cette décision, le football béninois pourra redorer son blason, il se trompe. Car il faudra attendre encore et encore. Une attention, doit être accordée au football à la base et le gouvernement se doit d’investir dans la construction et le suivi des centres de formation de football au Bénin.»
Edmond Houessikinde, journaliste sportif, Plateau Fm
«Vraiment, c'est une décision qui n'arrange pas du tout les choses. On aurait dû laisser l'actuel bureau exécutif finir son mandat. Là,le peuple va le juger sur ses résultats. Il est vrai que les choses ne sont pas tout à fait roses mais le gouvernement aurait dû régler pacifiquement cette affaire. Mais voilà où nous sommes ! Qu'on le veuille ou non, notre football est actuellement à l'abattoir et les victimes, c'est bien les joueurs, les entraineurs et les dirigeants de clubs. C'est bien dommage!»
Foulélou Salihou Nouhoum, journaliste sportif, Quotidien Option Info
«Merci pour l’opportunité que vous m’offrez. En attendant que la Fbf ne soit saisie officiellement par le ministre des Sports, je dirai que c'est dommage qu'on en arrive là mais la Fbf n’a rien fait pour éviter cela, puisque les signaux étaient au rouge depuis. Maintenant, on ne peut pas reprocher à l'Etat d'avoir repris ce qui lui appartient.Si l’usage qu'on en fait n’est pas celui espéré, si c'est pour repartir sur des bases saines, associer tout le monde et surtout les vrais acteurs, alors chapeau au gouvernement pour avoir sauvé notre football et surtout la jeunesse.»
Raoul Hounsounou, Directeur de publication de Nord Sud Quotidien
«Avec l’escalade verbale entre le ministre et la Fédération, on pouvait s’attendre à tout, sauf ça. C’est triste. Le retrait de pouvoir du gouvernement à la Fédération béninoise de football (Fbf) engendrera inévitablement la suspension du Bénin des instances internationales du football : Caf et Fifa. Qu’il vous souvienne, qu’il y a quelques jours, la Fifa avait envoyé une correspondance au Bénin pour le rappeler à l’ordre quant à l’immixtion du gouvernement dans les affaires internes de la Fédération. Avec la décision prise en Conseil des ministres, les équipes nationales seront exclues des compétitions de la Caf et de la Fifa. Les joueurs seront au chômage pour un football en pleine construction. Une génération de joueurs en voie d’être sacrifiée. Je pense que la solution à la crise à la Fbf n’est pas celle décidée par le gouvernement. Même si nous ne faisons pas encore des résultats, le football béninois est déjà à un niveau donné pour ne plus nécessiter ce recul. On a déjà vu des crises plus graves sous la présidence de MoucharafAnjorin mais on n’est pas allé au retrait d’agrément à la Fédération. D’où la décision du gouvernement met en émoi même les réfractaires à la gestion d’Augustin Ahouanvoébla. Le gouvernement doit savoir que la gestion du football est une question de rapports de force et d’intérêts sinon Blatter ne serait pas à la conquête d’un cinquième mandat malgré les accusations de corruption dans la gestion de la Fifa. Ce retrait de pouvoir ne veut pas dire dissolution de la Fédération qui est régie par la loi cadre de 1901 sur les associations. Donc Valère Glèlè, Magloire Oké et compagnie seront toujours sous le joug d’Ahouanvoébla jusqu’au moment où les choses se normaliseront ou son mandat viendrait à terme. Le gouvernement a été mal conseillé. Mais avec l’élection prochaine à la Fifa où la voix du Bénin pourrait être nécessaire, on espère que la situation sera vite réglée pour la joie des joueurs. Je risque d’abonder dans le même sens que ceux qui voie une politisation au regard de la sensibilité politique du président de la Fbf.»
Arthur Sèlo, journaliste sportif, Quotidien La Nouvelle Tribune
«C’est avec émoi que nous avons appris par un communiqué du conseil des ministres, le retrait d’agrément à la Fédération. Ce faisant, on a rendu service au football béninois. Le retrait d’agrément n’est pas la solution aux problèmes de notre football. C’est qu’est-ce que l’Etat béninois fait pour le développement de notre football en matière d’infrastructures, en matière de réédition de comptes par rapport aux fonds alloués par le ministère des sports pour nos Fédérations et nos équipes nationales? Le Bénin ne dispose même pas d’une politique générale du sport avant même de parler de politique du football. Les assisses de Lokossa ont servi à quoi depuis? J’ai comme l’impression que le gouvernement n’a pas mesuré toute la portée de cette décision qui touche nos arbitres internationaux, nos clubs et même les joueurs qui ne pourront plus aller s’essayer ailleurs. C’est suffisamment grave d’autant plus qu’on a connu ce cas sous Christian Lagnidé. On a retiré l’agrément à la Fbf mais des années plus tard, cela ne nous a pas empêché de sombrer dans une crise sans précédent. Cela ne nous a pas empêché de perdre du temps et beaucoup d’argent dans les tribunaux nationaux et internationaux. On est même allé devant le Tribunal arbitral du sport. Arrêtons ce ‘’foutage’’ de gueule. Que le ministre Affo ne pense pas qu’il a gagné quelque chose dans ce qui arrive. Il aura contribué à la descente aux enfers de notre football. Et je ne pense pas qu’il va dormir tranquille comme il le voulait en faisant son one man show à Parakou et sur le plateau de Canal3 Bénin. Le gouvernement vient de porter un coup dur à la jeunesse.»
René Soglo, journaliste sportif, Radio Fraternité de Parakou
«Ce n'est pas une surprise pour moi, ceci suite aux sorties répétées du ministre des Sports pour critiquer la Fbf et dire tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas. Je dirai que c'est une décision courageuse mais attention, il ne faut pas poser cet acte inutilement car le ver est toujours dans le fruit.On risque de recomposer avec les mêmes pour un résultat similaire...quoi qu'en soit ce que cette décision va coûter au Bénin, elle est salutaire.»
Richard Yéman Agbénomgba, Quotidien Le Nokoué
«C’est un bras de fer inutile que l’Etat béninois a créé entre les deux instances. En effet, il n’y aura aucun comité de transition, puisque selon la Fifa, il n’y a pas de crise. Il est de ce fait, inadmissible qu’on mette en place un bureau de transition. Pour en faire quoi ? Safiou, seul a la réponse. Puisque sûr et certain que c’est lui qui a induit Yayi en erreur. Les textes sont clairs là-dessus. La preuve, chaque comité exécutif est élu pour 4 ans. A peine, le bureau actuel a fait un an et demi. Pour aller plus loin, le bureau existe légitimement et doit terminer les 4 ans de son mandat. Alors, la décision du gouvernement est de nul et nul effet. Une chose est certaine, le Bénin sera sanctionné dans les tous prochains jours.»
Moumouni Alaza, journaliste sportif, Radio Solidarité Fm de Djougou
«Nous sommes satisfaits de la décision du gouvernement béninois. Vraiment c'est une décision salutaire et ça nous permettra de reprendre à zéro, d'avoir de bons dirigeants qui peuvent sauver notre football.Pour moi,il faut que la Fifa sanctionne notre pays si non, ils vont tuer notre sport roi.Voyez comment ils organisent les championnats. On dirait des tournois de quartier.Merci Affo Safiou.»
Réalisation : Abdul Fataï SANNI
Matin Libre